Myélopathie cervicale : Compréhension, causes, symptômes, diagnostic et traitement
La myélopathie cervicale est une affection neurologique grave résultant de la compression de la moelle épinière dans la région cervicale (cou) de la colonne vertébrale. Cette compression peut être causée par diverses pathologies affectant les vertèbres cervicales, telles que l'arthrose, des hernies discales, ou des anomalies congénitales. La myélopathie cervicale est une condition progressive qui peut entraîner des déficits moteurs, sensoriels et parfois autonomiques, affectant la qualité de vie des individus touchés.
1. Définition et mécanisme de la myélopathie cervicale
La myélopathie cervicale désigne toute altération de la moelle épinière au niveau cervical due à une compression chronique ou aiguë des structures anatomiques de la colonne vertébrale. La moelle épinière, qui est protégée par les vertèbres, transmet des signaux nerveux entre le cerveau et le reste du corps. Lorsque la compression se produit, cela peut interférer avec la transmission de ces signaux et provoquer divers symptômes neurologiques.
Les causes les plus courantes de la myélopathie cervicale comprennent :
- Hernies discales cervicales : Une hernie discale se produit lorsque le noyau gélatineux du disque intervertébral s'échappe de son emplacement normal et appuie sur la moelle épinière.
- Spondylolisthésis cervical : Il s'agit d'un glissement d'une vertèbre cervicale par rapport à la vertèbre en dessous, souvent à la suite de dégénérescence.
- Arthrose cervicale (spondylose cervicale) : L'usure des articulations et des disques de la colonne cervicale peut entraîner des lésions qui compriment la moelle épinière.
- Sténose spinale cervicale : Le rétrécissement du canal rachidien cervical peut comprimer la moelle épinière.
- Traumatismes : Des fractures, des luxations ou des blessures sportives peuvent provoquer un écrasement ou une compression de la moelle épinière.
- Tumeurs et infections : Bien que plus rares, les tumeurs bénignes ou malignes et les infections peuvent également entraîner une compression de la moelle épinière.
2. Symptômes de la myélopathie cervicale
Les symptômes de la myélopathie cervicale sont souvent insidieux et peuvent évoluer progressivement. En fonction du niveau et de la gravité de la compression, les symptômes varient, mais comprennent généralement des troubles moteurs, sensoriels et parfois autonomiques. Les symptômes peuvent inclure :
a. Symptômes moteurs
- Faiblesse musculaire : Les patients peuvent éprouver une faiblesse dans les bras, les mains, ou les jambes, particulièrement lors de l'exécution de mouvements fins ou de tâches demandant de la force.
- Difficultés à marcher : La faiblesse et la coordination altérée peuvent rendre la marche difficile, en particulier chez les personnes âgées.
- Chutes fréquentes : En raison de la faiblesse et de l'instabilité musculaire, les patients peuvent avoir tendance à chuter, ce qui augmente le risque de blessures.
b. Symptômes sensoriels
- Engourdissement et picotements : Des sensations de picotements ou d'engourdissement, souvent décrites comme des « fourmillements », peuvent survenir dans les bras, les mains, les jambes et les pieds.
- Douleur radiculaire : La compression des racines nerveuses cervicales peut provoquer des douleurs irradiant le long des bras et du cou.
- Perte de la proprioception : Les patients peuvent éprouver des difficultés à percevoir la position de leurs membres, ce qui entraîne des troubles de l'équilibre.
c. Symptômes autonomiques
- Dysfonctionnement vésical et intestinal : Bien que moins fréquent, la myélopathie cervicale sévère peut entraîner des troubles de la fonction vésicale (difficulté à uriner) et de l'intestin (constipation).
- Problèmes respiratoires : Si la compression affecte les zones contrôlant la respiration, cela peut entraîner des difficultés respiratoires.
d. Symptômes cognitifs et psychologiques
- Bien que rares, des troubles cognitifs, tels que des problèmes de mémoire ou de concentration, peuvent se développer si la compression affecte la moelle épinière dans la région cervicale supérieure.
3. Diagnostic de la myélopathie cervicale
Le diagnostic de la myélopathie cervicale repose sur une évaluation clinique détaillée, des tests neurologiques et des examens d'imagerie. Le médecin commencera par un examen physique pour évaluer la force musculaire, la coordination, les réflexes et la sensibilité.
a. Imagerie médicale
- Radiographies cervicales : Les radiographies standard peuvent détecter des anomalies évidentes telles que la spondylose cervicale ou des fractures.
- IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) : L'IRM est l'examen de choix pour évaluer les tissus mous, y compris les disques, les ligaments et la moelle épinière. Elle permet de visualiser précisément la compression de la moelle épinière ou des racines nerveuses.
- TDM (Tomodensitométrie) : La TDM est utile pour identifier les structures osseuses et peut aider à évaluer les déformations ou les fractures des vertèbres cervicales.
- Électromyogramme (EMG) : Un EMG peut être utilisé pour mesurer l'activité électrique des muscles et évaluer les dommages nerveux associés à la myélopathie.
b. Tests neurologiques
Le médecin peut effectuer une série de tests pour évaluer les réflexes, la force musculaire, la coordination et les sensations. Ces tests aideront à identifier l’étendue de la compression et à localiser la zone touchée de la moelle épinière.
4. Traitement de la myélopathie cervicale
Le traitement de la myélopathie cervicale dépend de la gravité des symptômes, de l'âge du patient, et de la cause sous-jacente de la compression. Les options thérapeutiques peuvent être conservatrices (non chirurgicales) ou chirurgicales.
a. Traitement conservateur
- Médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : Les AINS, comme l'ibuprofène, sont utilisés pour réduire la douleur et l'inflammation.
- Physiothérapie : La physiothérapie aide à améliorer la force musculaire, la posture et la coordination, et peut être particulièrement utile pour les patients présentant une faiblesse modérée.
- Colliers cervicaux : Un collier cervical peut être prescrit pour immobiliser le cou et soulager la pression sur la moelle épinière.
b. Traitement chirurgical
La chirurgie est généralement indiquée lorsque les symptômes progressent rapidement, ou si les traitements conservateurs échouent à soulager les symptômes. Les procédures chirurgicales courantes comprennent :
- Décompression cervicale (laminectomie, discectomie, foraminotomie) : Ces interventions visent à retirer les parties du disque, de l'os ou du ligament qui exercent une pression sur la moelle épinière ou les racines nerveuses.
- Fusion cervicale : Une fusion cervicale peut être effectuée pour stabiliser la colonne vertébrale après une décompression, en fusionnant deux vertèbres pour empêcher tout mouvement qui pourrait aggraver la compression.
- Prothèse discale cervicale : Dans certains cas, une prothèse discale peut être utilisée pour remplacer un disque endommagé, permettant une meilleure mobilité du cou.
5. Pronostic et prévention
Le pronostic de la myélopathie cervicale dépend du moment où le traitement est initié. Plus la compression est traitée rapidement, plus les chances de récupération sont élevées. Si la compression dure longtemps, il peut y avoir des dommages permanents aux nerfs, ce qui peut entraîner des déficits fonctionnels permanents.
La prévention de la myélopathie cervicale implique la gestion des facteurs de risque, notamment la prévention des blessures cervicales, la pratique d'exercices de renforcement du cou et de la posture, ainsi que l'adoption de stratégies de gestion de la dégénérescence discale, comme éviter des mouvements excessifs ou une mauvaise posture.
Conclusion
La myélopathie cervicale est une affection grave pouvant entraîner des déficits neurologiques significatifs, mais avec une détection précoce et un traitement approprié, les patients peuvent bénéficier d'une amélioration substantielle de leur qualité de vie. Les traitements conservateurs peuvent être efficaces dans les premiers stades, mais dans les cas graves, une intervention chirurgicale peut être nécessaire pour soulager la compression de la moelle épinière et prévenir des lésions nerveuses permanentes.
Références
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