Le syndrome de DiGeorge
Le syndrome de DiGeorge, également appelé syndrome de délétion 22q11.2, est une maladie génétique résultant de la perte d’un petit segment du chromosome 22, plus précisément au niveau de la région q11.2. Cette délétion génétique entraîne une variété de manifestations cliniques qui touchent plusieurs systèmes organiques. C'est l'une des anomalies chromosomiques les plus fréquentes, affectant environ 1 naissance sur 4 000. Le syndrome de DiGeorge fait partie du spectre des syndromes de délétion 22q11, qui inclut également le syndrome vélocardiofacial.
Physiopathologie
La délétion de la région 22q11.2 entraîne une perturbation dans le développement embryonnaire, affectant principalement la formation des tissus dérivés des arcs pharyngiens, structures embryologiques à l’origine des structures du visage, du cœur et du thymus. La suppression de certains gènes critiques, comme TBX1, semble être la cause principale des anomalies observées chez les individus atteints.
Manifestations cliniques
Les signes et symptômes du syndrome de DiGeorge sont extrêmement variables d’un individu à l’autre. Cependant, les manifestations communes incluent :
- Malformations cardiaques : Environ 75 % des patients présentent des anomalies cardiaques congénitales, les plus fréquentes étant des défauts de la confluence du tronc artériel (comme la tétralogie de Fallot) et des malformations du septum ventriculaire. Ces anomalies peuvent provoquer des troubles circulatoires sévères nécessitant une correction chirurgicale.
- Hypoplasie du thymus : Le thymus, organe essentiel au développement du système immunitaire, est souvent sous-développé ou absent chez les patients atteints du syndrome de DiGeorge. Cela entraîne une déficience immunitaire variable, rendant les patients plus vulnérables aux infections.
- Hypocalcémie : Une autre manifestation fréquente est l'hypocalcémie, qui résulte d'une hypoplasie ou d’une absence des glandes parathyroïdes. Le manque de parathormone conduit à une diminution des niveaux de calcium dans le sang, ce qui peut provoquer des crampes musculaires, des convulsions et des troubles neurologiques.
- Problèmes cognitifs et comportementaux : De nombreux patients présentent des retards du développement et des troubles de l’apprentissage. Certains peuvent également présenter des troubles neuropsychiatriques, notamment des troubles de l’attention, de l’anxiété et, plus rarement, des symptômes proches de la schizophrénie à l’âge adulte.
- Anomalies faciales : Les caractéristiques faciales sont souvent subtiles, mais peuvent inclure une petite bouche, un nez allongé avec une racine nasale large, des oreilles malformées, et des fentes palpébrales étroites.
- Problèmes endocriniens : Outre l’hypocalcémie, les enfants peuvent également souffrir d'autres troubles endocriniens tels que des problèmes thyroïdiens ou des retards de croissance.
Diagnostic
Le diagnostic du syndrome de DiGeorge repose généralement sur une suspicion clinique, fondée sur la combinaison de symptômes caractéristiques. Cependant, la confirmation diagnostique se fait par un test génétique, généralement une analyse par hybridation in situ fluorescente (FISH) ou par microarray CGH, qui permet de détecter la délétion dans la région 22q11.2.
Prise en charge et traitement
Il n'existe pas de traitement curatif pour le syndrome de DiGeorge, mais une prise en charge multidisciplinaire permet de gérer les différents aspects de la maladie. Les principales interventions incluent :
- Chirurgie cardiaque : Les malformations cardiaques graves nécessitent souvent une correction chirurgicale précoce pour améliorer la qualité de vie et la survie des patients.
- Supplémentation en calcium et vitamine D : Le traitement de l’hypocalcémie repose sur l’administration de calcium et de vitamine D pour maintenir des niveaux normaux de calcium dans le sang.
- Thérapie immunitaire : Les déficits immunitaires nécessitent une surveillance étroite. Certains patients bénéficient de greffes de thymus, d’injections régulières d’immunoglobulines ou de greffes de cellules souches hématopoïétiques dans les cas les plus graves.
- Soutien psychologique et éducatif : Les troubles cognitifs et comportementaux nécessitent souvent un suivi neuropsychologique, avec des programmes éducatifs adaptés aux besoins de chaque enfant.
- Surveillance endocrinienne : Les troubles endocriniens doivent être surveillés, avec une attention particulière aux signes de déficience thyroïdienne ou d'autres anomalies hormonales.
Pronostic
Le pronostic des personnes atteintes du syndrome de DiGeorge est variable et dépend de la gravité des symptômes. Grâce aux progrès des soins médicaux, notamment en chirurgie cardiaque et en gestion des déficiences immunitaires, l’espérance de vie des patients s’est améliorée de manière significative. Cependant, certaines complications, notamment les troubles neuropsychiatriques, peuvent avoir un impact sur la qualité de vie des patients à long terme.
Conclusion
Le syndrome de DiGeorge est une pathologie complexe qui nécessite une prise en charge spécialisée. Sa diversité clinique en fait un défi médical important, et chaque patient nécessite une approche individualisée pour gérer les multiples aspects de la maladie. Une meilleure compréhension des mécanismes génétiques sous-jacents et des interventions précoces peut considérablement améliorer le pronostic à long terme des personnes atteintes.
Référence: https://drive.google.com/file/d/1_2-VHQ5JBC_SjBYZUwQrcxE_Iui2h6_N/view?usp=drive_link