Le syndrome d’hyper-IgM
Le syndrome d’hyper-IgM (HIGM) est une maladie génétique rare affectant le système immunitaire. Elle est caractérisée par une production anormalement élevée d’immunoglobuline M (IgM) et une réduction significative des autres classes d’immunoglobulines, notamment les immunoglobulines G (IgG), A (IgA) et E (IgE). Cela entraîne une susceptibilité accrue aux infections, notamment aux infections bactériennes, virales et fongiques.
Mécanisme du syndrome d’hyper-IgM
Le syndrome d’hyper-IgM résulte d’un défaut dans le processus de commutation de classe des immunoglobulines, qui permet normalement aux lymphocytes B de passer de la production d’IgM à d’autres types d’anticorps plus spécialisés, comme les IgG ou les IgA. Ce processus est essentiel pour assurer une réponse immunitaire diversifiée et efficace. Le dysfonctionnement dans cette commutation est principalement dû à des mutations génétiques.
Il existe plusieurs formes de ce syndrome, chacune étant associée à des mutations spécifiques affectant les lymphocytes T, B ou les interactions entre ces cellules.
Syndrome d’hyper-IgM lié à l'X (type 1)
La forme la plus courante est le syndrome d’hyper-IgM lié à l’X, qui représente environ 70 % des cas. Il est causé par des mutations du gène CD40L (ou CD154), situé sur le chromosome X. Ce gène code pour une protéine présente à la surface des lymphocytes T, nécessaire pour activer les lymphocytes B via leur interaction avec le récepteur CD40. L’absence de cette interaction empêche les lymphocytes B d’effectuer la commutation de classe des immunoglobulines, entraînant une surproduction d’IgM et un déficit des autres classes d'anticorps.
Autres formes de syndrome d’hyper-IgM
D’autres formes non liées à l’X, appelées syndromes d’hyper-IgM autosomiques récessifs, sont causées par des mutations dans d’autres gènes, tels que AICDA (qui code pour l’enzyme activation-induced cytidine deaminase), UNG (qui code pour l’enzyme uracil DNA glycosylase), ou encore CD40 (qui code pour le récepteur CD40 sur les lymphocytes B).
Symptômes et manifestations cliniques
Les patients atteints du syndrome d’hyper-IgM présentent des infections récurrentes, qui débutent souvent dès la petite enfance. Les infections bactériennes affectent fréquemment les voies respiratoires supérieures et inférieures (otites, pneumonies) ainsi que le tractus gastro-intestinal. Outre ces infections, les patients sont également à risque de développer des infections opportunistes graves, causées par des agents pathogènes tels que Pneumocystis jirovecii, un champignon pouvant entraîner des pneumonies potentiellement mortelles.
Les patients peuvent aussi présenter :
- Hépatite et cirrhose du foie
- Neutropénie (faible nombre de neutrophiles, une catégorie de globules blancs)
- Hypoplasie thymique (développement insuffisant du thymus)
- Hyperplasie lymphoïde (croissance anormale du tissu lymphoïde)
- Maladies auto-immunes
Les patients non traités sont également à risque de développer des complications hématologiques, telles que des cytopénies auto-immunes (anémie hémolytique auto-immune, thrombocytopénie).
Diagnostic
Le diagnostic repose sur l’analyse des taux d’immunoglobulines dans le sang, avec des taux élevés d’IgM et des niveaux très bas ou indétectables d’IgG, d’IgA et d’IgE. Un test génétique est souvent réalisé pour identifier les mutations spécifiques associées à la maladie, notamment la mutation du gène CD40L pour la forme liée à l’X.
Traitement
Le traitement du syndrome d’hyper-IgM vise à réduire le risque d’infections et à compenser le déficit immunitaire. Les options thérapeutiques incluent :
- Substitutions en immunoglobulines : Des perfusions régulières d’immunoglobulines intraveineuses (IgIV) ou sous-cutanées (IgSC) permettent de compenser le déficit en IgG et de prévenir les infections récurrentes.
- Antibiotiques prophylactiques : Afin de prévenir les infections opportunistes, notamment les infections à Pneumocystis jirovecii, des antibiotiques à faible dose peuvent être prescrits à long terme.
- Greffe de cellules souches hématopoïétiques : La greffe de cellules souches peut potentiellement offrir une guérison pour certaines formes de syndrome d’hyper-IgM, notamment celles liées à des mutations affectant les lymphocytes T. Cette procédure remplace les cellules immunitaires défectueuses par des cellules saines provenant d’un donneur compatible.
Pronostic
Le pronostic du syndrome d’hyper-IgM a considérablement évolué au cours des dernières décennies grâce à l’amélioration des traitements. Avec une prise en charge appropriée, les patients peuvent mener une vie relativement normale, bien que la surveillance médicale à long terme soit essentielle pour gérer les complications potentielles. Cependant, en l’absence de traitement, la maladie est associée à une morbidité et une mortalité élevées, en raison des infections sévères et des complications auto-immunes.
Référence: https://drive.google.com/file/d/1_2-VHQ5JBC_SjBYZUwQrcxE_Iui2h6_N/view?usp=drive_link