Le syndrome DRESS
Le syndrome DRESS, également connu sous le nom de réaction médicamenteuse avec éosinophilie et symptômes systémiques, est une pathologie rare mais potentiellement mortelle qui survient en réaction à la prise de certains médicaments. Il est classé parmi les réactions d'hypersensibilité retardée, généralement de type IV, impliquant des mécanismes immunologiques complexes.
Épidémiologie
Le syndrome DRESS se manifeste chez une petite proportion des patients exposés aux médicaments qui peuvent déclencher cette réaction. L'incidence du DRESS varie selon les études, mais elle est estimée entre 1 et 10 cas pour 10 000 patients exposés à des médicaments à haut risque, tels que les anticonvulsivants et certains antibiotiques. La mortalité liée au DRESS est estimée entre 10% et 20%, principalement due à des complications systémiques sévères comme une hépatite fulminante ou une défaillance multiviscérale.
Médicaments associés au syndrome DRESS
De nombreux médicaments sont liés à l'apparition du syndrome DRESS, dont les plus fréquents sont :
- Anticonvulsivants : Phénytoïne, carbamazépine, lamotrigine
- Antibiotiques : Sulfamides, minocycline, vancomycine
- Antiviraux : Abacavir
- Allopurinol : Un des médicaments les plus impliqués dans le DRESS
Les mécanismes exacts à l'origine de cette réaction restent encore mal compris, mais des études montrent que les polymorphismes génétiques tels que certains allèles HLA peuvent augmenter la susceptibilité de développer ce syndrome.
Physiopathologie
Le syndrome DRESS est caractérisé par une activation anormale du système immunitaire en réponse à un médicament, entraînant une inflammation généralisée et des dommages tissulaires multiorganiques. L'infiltration d’éosinophiles et de lymphocytes dans les tissus touchés joue un rôle clé dans le développement des symptômes systémiques. Il est suggéré que l'activation des lymphocytes T, qui réagissent de manière inappropriée aux métabolites réactifs des médicaments, est à l'origine de cette cascade inflammatoire.
Les cytokines inflammatoires, telles que l'interleukine-5 et l'interféron-gamma, sont souvent impliquées, contribuant à la prolifération et à l'activation des éosinophiles. Une réactivation de virus latents, comme le virus Epstein-Barr (EBV), le cytomégalovirus (CMV) ou encore le virus de l'herpès humain 6 (HHV-6), est souvent observée et semble également jouer un rôle dans la pathogénie du syndrome DRESS.
Manifestations cliniques
Le DRESS survient typiquement entre 2 à 6 semaines après l'introduction du médicament incriminé. Les symptômes incluent :
- Éruption cutanée maculopapuleuse qui peut évoluer vers une dermatite exfoliative
- Fièvre élevée persistante
- Lymphadénopathie
- Éosinophilie (> 1 500 cellules/μL dans le sang)
- Leucocytose avec lymphocytes atypiques
- Atteinte multiviscérale : foie (hépatite), reins (néphrite), poumons (pneumonite), cœur (myocardite)
L'atteinte hépatique est l'une des plus graves, pouvant aller jusqu'à l'hépatite fulminante. Les manifestations cutanées précèdent souvent l'atteinte systémique, mais ce sont les atteintes viscérales qui déterminent le pronostic.
Diagnostic
Le diagnostic du syndrome DRESS repose sur des critères cliniques et biologiques. Le score RegiSCAR, qui inclut des éléments tels que la fièvre, les éruptions cutanées, l’éosinophilie, et les atteintes viscérales, est souvent utilisé pour confirmer le diagnostic.
Examen sanguin :
- Éosinophilie importante
- Lymphocytes atypiques
- Augmentation des transaminases hépatiques, suggérant une atteinte hépatique
Les biopsies cutanées montrent souvent une infiltration de lymphocytes T et d’éosinophiles, confirmant l'inflammation immunitaire.
Prise en charge
Le traitement du DRESS nécessite l'arrêt immédiat du médicament responsable. Dans les cas légers, l'évolution peut être favorable avec un traitement symptomatique (antihistaminiques et corticostéroïdes topiques). Cependant, dans les cas sévères, une hospitalisation est nécessaire, et des corticostéroïdes systémiques à forte dose (prednisone) sont souvent utilisés pour contrôler l'inflammation systémique.
Des traitements immunosuppresseurs supplémentaires, tels que la cyclophosphamide ou la cyclosporine, peuvent être envisagés dans les cas réfractaires.
Les patients doivent être surveillés à long terme pour d'éventuelles récidives ou complications tardives, y compris les maladies auto-immunes, qui peuvent survenir après un épisode de DRESS.
Pronostic
Bien que le pronostic puisse être favorable avec une prise en charge précoce, la mortalité reste élevée, surtout en cas d'atteinte hépatique sévère ou de défaillance multiviscérale. Une surveillance étroite est cruciale pour éviter les complications graves, et les patients doivent être informés du risque de récidive s'ils sont réexposés à des médicaments à risque.
Conclusion
Le syndrome DRESS est une pathologie potentiellement grave, nécessitant une reconnaissance rapide et une prise en charge adaptée. La connaissance des médicaments à risque et la surveillance attentive des patients sous traitement sont essentielles pour réduire l'incidence et la gravité de cette maladie.
Référence: https://drive.google.com/file/d/1_2-VHQ5JBC_SjBYZUwQrcxE_Iui2h6_N/view?usp=drive_link