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Le virus de l'hépatite D

Le virus de l'hépatite D (VHD), également appelé virus delta, est un virus à ARN qui cause une infection du foie connue sous le nom d'hépatite D. Cette infection est unique en son genre, car elle ne peut se produire qu'en présence d'une co-infection avec le virus de l'hépatite B (VHB). Le VHD est considéré comme un virus défectif, car il ne possède pas l’ensemble des mécanismes nécessaires à sa réplication autonome et dépend du VHB pour se répliquer. L'infection par le VHD est associée à des formes plus graves de maladies hépatiques que celles causées par le VHB seul, y compris des risques accrus de fibrose, de cirrhose et de cancer du foie. Malgré sa gravité, l'hépatite D reste moins connue et moins étudiée que d'autres formes d'hépatite virale.

Structure et caractéristiques du virus de l'hépatite D

Le VHD est un petit virus à ARN circulaire simple brin, de polarité négative. Il est enveloppé dans une protéine d'enveloppe dérivée du virus de l’hépatite B (l’antigène de surface de l’hépatite B, ou HBsAg), ce qui lui permet de pénétrer dans les cellules hépatiques. En raison de cette dépendance à l'enveloppe du VHB, le VHD ne peut infecter que les personnes déjà infectées par le VHB.

Le génome du VHD est l'un des plus petits des virus humains, avec environ 1700 nucléotides. Il code pour une seule protéine importante : l'antigène delta (HDAg), qui existe sous deux formes : la petite forme (S-HDAg) et la grande forme (L-HDAg). Ces deux formes de la protéine jouent un rôle essentiel dans la réplication et la régulation de l’infection par le VHD.

Modes de transmission

Le VHD se transmet de manière similaire au VHB, principalement par voie sanguine et par contact avec des liquides corporels contaminés. Les principaux modes de transmission sont les suivants :

  1. Transmission par le sang : Le VHD peut être transmis par des transfusions sanguines non sécurisées, l'utilisation partagée d'aiguilles et de seringues chez les personnes qui consomment des drogues injectables, ou par d’autres procédures médicales invasives utilisant du matériel contaminé.
  2. Transmission sexuelle : Comme le VHB, le VHD peut se transmettre lors de rapports sexuels non protégés, en particulier chez les personnes ayant des partenaires multiples ou qui sont exposées à des pratiques à risque.
  3. Transmission périnatale : Bien que moins fréquente que pour le VHB, une transmission de la mère infectée au fœtus pendant l'accouchement peut survenir, bien que cette voie soit moins prédominante pour le VHD que pour d'autres virus de l'hépatite.

La transmission du VHD ne peut se produire que chez les personnes déjà infectées par le VHB. Il peut survenir soit en co-infection, lorsque le patient est simultanément infecté par les deux virus, soit en surinfection, lorsque le VHD infecte une personne déjà porteuse chronique du VHB. La surinfection par le VHD entraîne généralement une forme plus sévère de la maladie.

Manifestations cliniques

L'infection par le VHD peut prendre plusieurs formes cliniques en fonction du type d’infection (co-infection ou surinfection) et de l'état de santé sous-jacent du patient.

Co-infection par le VHD et le VHB

Lorsqu'une personne est infectée simultanément par le VHB et le VHD, on parle de co-infection. Dans ce cas, les symptômes de l'hépatite aiguë peuvent être plus sévères que ceux de l'infection par le VHB seul. Les signes et symptômes de la co-infection peuvent inclure :

  • Fièvre
  • Fatigue intense
  • Douleurs abdominales
  • Nausées et vomissements
  • Ictère (jaunisse)
  • Urine foncée et selles pâles

Dans la majorité des cas de co-infection, l'infection aiguë guérit spontanément, bien que dans environ 5 % des cas, elle puisse évoluer vers une hépatite chronique, entraînant un risque accru de cirrhose et de cancer du foie.

Surinfection par le VHD chez les porteurs chroniques du VHB

La surinfection par le VHD survient lorsqu'une personne déjà infectée chroniquement par le VHB contracte le VHD. Cette forme d'infection est beaucoup plus grave et peut conduire à une détérioration rapide de la fonction hépatique. Les signes cliniques incluent une aggravation des symptômes préexistants de l'hépatite B, notamment une exacerbation de l'ictère, une ascite (accumulation de liquide dans l’abdomen), et une insuffisance hépatique. La surinfection est fortement associée à la progression rapide vers la cirrhose, la décompensation hépatique et le carcinome hépatocellulaire (cancer du foie).

Complications à long terme

Les patients atteints d'hépatite chronique D courent un risque accru de développer des complications graves, notamment :

  1. Fibrose hépatique : L'inflammation chronique du foie due à l’infection entraîne la formation de tissu cicatriciel (fibrose) qui altère la fonction hépatique normale.
  2. Cirrhose : L’évolution de la fibrose peut conduire à la cirrhose, caractérisée par une perte progressive de la fonction hépatique, des troubles de la coagulation, une rétention de liquide et un risque accru d'infections bactériennes.
  3. Carcinome hépatocellulaire : Le risque de développer un cancer du foie est significativement plus élevé chez les personnes infectées à la fois par le VHB et le VHD que chez celles infectées par le VHB seul.
  4. Insuffisance hépatique : L'infection chronique peut aboutir à une insuffisance hépatique terminale, nécessitant une greffe du foie.

Diagnostic

Le diagnostic de l’hépatite D repose sur plusieurs techniques, y compris des analyses sérologiques et moléculaires pour détecter le virus.

  1. Sérologie : La détection d'anticorps anti-VHD (IgM et IgG) permet de confirmer une infection récente ou ancienne. Les IgM indiquent une infection récente ou active, tandis que les IgG persistent à long terme et indiquent une infection passée ou chronique.
  2. Détection de l'ARN du VHD : La détection de l'ARN viral par réaction en chaîne par polymérase (PCR) est utilisée pour confirmer l’infection active et déterminer la charge virale. Cette méthode est essentielle pour surveiller la réponse au traitement antiviral.
  3. Tests de la fonction hépatique : Les analyses sanguines pour évaluer les niveaux des enzymes hépatiques (alanine aminotransférase - ALT, et aspartate aminotransférase - AST) peuvent indiquer une inflammation du foie, mais ne sont pas spécifiques au VHD.

Traitement

Le traitement de l'hépatite D est difficile en raison du manque d'options thérapeutiques efficaces. Pendant des décennies, le seul traitement antiviral disponible pour l'hépatite D était l'interféron alpha (IFN-α). Ce médicament stimule la réponse immunitaire de l'hôte contre le virus, mais son efficacité est limitée, et il est souvent mal toléré en raison de ses effets secondaires importants. De plus, une rémission complète est rare, et de nombreux patients rechutent après l'arrêt du traitement.

En 2020, un nouvel antiviral, le bulevirtide, a été approuvé pour le traitement de l'hépatite D en Europe. Ce médicament agit en bloquant l'entrée du virus dans les hépatocytes en inhibant les récepteurs utilisés par le VHD et le VHB pour pénétrer dans les cellules. Le bulevirtide semble prometteur, avec une efficacité supérieure à l'interféron, mais son coût élevé et la nécessité d'un traitement à long terme restent des défis.

Pour les patients atteints de cirrhose avancée ou d’insuffisance hépatique, la greffe de foie est souvent la seule option de traitement curatif.

Prévention

La prévention de l’hépatite D repose principalement sur la prévention de l’infection par le VHB, car l'hépatite D ne peut survenir sans une infection concomitante par le VHB. La vaccination contre le VHB est donc la mesure de prévention la plus efficace contre l'hépatite D. Le vaccin contre l'hépatite B est sûr et efficace et confère une protection durable contre le VHB, réduisant ainsi indirectement le risque de co-infection par le VHD.

Les autres mesures de prévention incluent l'éducation sur les pratiques sexuelles sûres, la réduction de la transmission sanguine par l'utilisation d'aiguilles propres et stériles, et le dépistage des donneurs de sang pour éviter la transmission lors de transfusions sanguines.

Conclusion

Le virus de l’hépatite D est un agent pathogène sévère qui aggrave les complications de l'hépatite B, entraînant une maladie hépatique chronique et potentiellement mortelle. Bien que rare dans certaines parties du monde, il demeure un problème majeur de santé publique dans les régions où le VHB est endémique. La prévention de l'hépatite D dépend essentiellement de la prévention de l'hépatite B, ce qui rend la vaccination contre le VHB cruciale. La recherche de nouveaux traitements, tels que le bulevirtide, offre des espoirs pour améliorer la prise en charge des patients atteints d’hépatite D, mais les défis persistent, notamment en termes d'accès aux soins.


Référence: https://drive.google.com/file/d/1tWjzj83i-8esvZsbX7K2xIoDyqGFTL2x/view?usp=drive_link

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