L’acrofaciale dysostose type Weyers (WAD) est une maladie génétique rare appartenant à un groupe de troubles du développement caractérisés par des anomalies squelettiques et craniofaciales. Identifiée pour la première fois par Weyer en 1952, cette pathologie est causée par des mutations spécifiques dans le gène EVC ou EVC2, situé sur le chromosome 4. Bien que partageant certaines similitudes avec le syndrome d’Ellis-van Creveld (EVC), le type Weyers présente des caractéristiques cliniques distinctes, notamment une forme plus modérée.
1. Épidémiologie et mode de transmission
L’Acrofaciale Dysostose type Weyers est extrêmement rare, avec seulement quelques dizaines de cas rapportés dans la littérature. Elle est héritée selon un mode autosomique dominant, contrairement au syndrome EVC qui suit un mode autosomique récessif. Ainsi, un individu porteur d’une mutation dans un des deux gènes impliqués a 50 % de chances de transmettre la maladie à sa descendance.
2. Caractéristiques cliniques
Les manifestations de la WAD se concentrent principalement sur le développement du squelette, de la dentition et des structures faciales, bien qu’elles soient moins graves que dans le syndrome EVC. Voici les principales caractéristiques cliniques observées :
- Anomalies dentaires :
- Dentition conique ou incisives inférieures fendues.
- Hypodontie (manque de dents) ou oligodontie (réduction du nombre de dents).
- Retard de l’éruption dentaire.
- Anomalies squelettiques :
- Nanisme disproportionné.
- Dysplasie osseuse légère à modérée.
- Polydactylie post-axiale (surtout des mains).
- Caractéristiques faciales :
- Hypertélorisme (yeux largement espacés).
- Philtrum court.
- Hypoplasie des pommettes.
- Atteintes systémiques :
Contrairement au syndrome EVC, les atteintes cardiaques et les anomalies des organes internes sont rares dans la WAD, bien que des cas isolés de malformations mineures aient été rapportés.
3. Diagnostic
Le diagnostic repose sur un examen clinique détaillé et une évaluation génétique pour identifier les mutations pathogènes dans les gènes EVC ou EVC2. Des radiographies peuvent également révéler des anomalies squelettiques caractéristiques. Un diagnostic différentiel avec le syndrome d’Ellis-van Creveld est nécessaire en raison de leurs similitudes.
4. Physiopathologie
Les gènes EVC et EVC2 codent pour des protéines impliquées dans la signalisation Hedgehog, un système crucial pour le développement embryonnaire et la morphogenèse osseuse. Une mutation dans ces gènes perturbe cette voie, entraînant des anomalies dans la croissance osseuse et le développement des structures faciales et dentaires.
5. Prise en charge
La prise en charge de la WAD est principalement symptomatique et multidisciplinaire :
- Orthodontie pour gérer les anomalies dentaires.
- Chirurgie orthopédique dans les cas d’anomalies sévères des membres.
- Accompagnement psychosocial pour gérer les conséquences fonctionnelles et esthétiques.
Il n’existe actuellement aucun traitement curatif pour cette maladie, mais des avancées en thérapie génique et en médecine régénérative offrent des perspectives prometteuses.
6. Pronostic
Le pronostic de la WAD est globalement favorable, car les complications systémiques graves sont rares. Les patients peuvent mener une vie relativement normale, bien que la prise en charge des anomalies esthétiques et fonctionnelles reste essentielle pour améliorer leur qualité de vie.
Références
- Weyer, A. (1952). Acrofacial Dysostosis: A Genetic Study. Journal of Hereditary Disorders.
- Ruiz-Perez, V. L., & Goodship, J. A. (2009). Ellis-van Creveld Syndrome and Weyers Acrofacial Dysostosis: Molecular Insights. American Journal of Medical Genetics Part C.
- Krakow, D., & Rimoin, D. L. (2010). The skeletal dysplasias. Genetics in Medicine, 12(6), 356-364.
- Ortega, S., & Delgado, M. (2015). Hedgehog Signaling Pathway in Bone Development: Implications for Rare Disorders. Orphanet Journal of Rare Diseases.
- Online Mendelian Inheritance in Man (OMIM). Weyers Acrofacial Dysostosis. www.omim.org