Le déficit en acide phytanique oxydase est une maladie métabolique rare faisant partie des troubles de la peroxysomopathie, un groupe de pathologies affectant les peroxysomes. Cette affection est également connue sous le nom de maladie de Refsum liée à l'α-oxydation, en référence à l'accumulation excessive d'acide phytanique dans les tissus et le plasma. Elle entraîne des manifestations multisystémiques, affectant particulièrement le système nerveux, les yeux, la peau, et parfois le cœur.
1. Physiopathologie
L'acide phytanique est un acide gras dérivé principalement de sources alimentaires, notamment les produits animaux ruminants et certains poissons. Contrairement aux acides gras standards, il possède une ramification méthyle en position 3, ce qui empêche son dégradation par la β-oxydation classique.
L'acide phytanique est normalement dégradé par une voie alternative appelée α-oxydation, qui a lieu dans les peroxysomes. Cette voie dépend de l'action de l'acide phytanique oxydase, une enzyme clé. En cas de déficit en acide phytanique oxydase, l'acide phytanique s'accumule dans les tissus et le sang, provoquant une toxicité cellulaire.
2. Causes génétiques
La maladie est causée par des mutations dans le gène PHYH (Phytanoyl-CoA Hydroxylase), qui code pour l'acide phytanique oxydase, ou dans le gène PEX7, qui joue un rôle dans le transport des protéines au niveau des peroxysomes. Ces mutations sont transmises sur un mode autosomique récessif, ce qui signifie que deux copies du gène muté sont nécessaires pour développer la maladie.
3. Manifestations cliniques
Le déficit en acide phytanique oxydase se caractérise par un tableau clinique hétérogène. Les principaux signes incluent :
- Neuropathie périphérique : atteinte sensorielle et motrice progressive, souvent asymétrique.
- Rétinite pigmentaire : conduisant à une cécité nocturne, puis à une perte progressive de la vision périphérique.
- Anosmie : perte de l’odorat, qui peut être un symptôme précoce.
- Ichtyose : épaississement et desquamation de la peau.
- Ataxie cérébelleuse : troubles de la coordination et de l'équilibre.
- Cardiomyopathie et arythmies : dans les formes avancées.
- Surdité : perceptive ou mixte.
4. Diagnostic
Le diagnostic repose sur :
- Dosage plasmatique de l’acide phytanique, montrant une élévation significative.
- Analyse génétique pour identifier les mutations dans les gènes PHYH ou PEX7.
- Tests électrophysiologiques (EMG, potentiels évoqués visuels) pour évaluer les atteintes neurologiques.
- Imagerie : IRM cérébrale pour détecter des anomalies dans le cervelet ou d'autres structures cérébrales.
5. Prise en charge
Le traitement vise à réduire l'accumulation d'acide phytanique et à gérer les complications :
- Régime alimentaire strict : suppression des aliments riches en acide phytanique, comme les produits laitiers, la viande de ruminants, et certains poissons.
- Plasmaphérèse : utilisée pour réduire rapidement les niveaux plasmatiques d'acide phytanique en cas de crise aiguë.
- Réhabilitation neurologique : pour atténuer les handicaps moteurs et sensoriels.
- Surveillance cardiaque : pour prévenir les complications cardiovasculaires.
6. Pronostic
Le pronostic varie selon la précocité du diagnostic et la mise en place d’un traitement. Une prise en charge adaptée permet souvent de ralentir la progression des symptômes et d'améliorer la qualité de vie. Cependant, les atteintes visuelles et neurologiques peuvent être irréversibles si le traitement est retardé.
Références
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