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L’acanthocytose : un trouble rare des globules rouges associé à des syndromes neurologiques

L’acanthocytose est une anomalie morphologique des globules rouges (érythrocytes), caractérisée par la présence de cellules en forme d’étoile ou d’épine, appelées acanthocytes, dans le sang périphérique. Cette condition est souvent associée à des pathologies sous-jacentes, notamment des troubles métaboliques, neurologiques et hématologiques. Les acanthocytes reflètent une perturbation de la membrane cellulaire des globules rouges, résultant d’anomalies lipidiques ou protéiques.

Épidémiologie

L’acanthocytose est un phénomène rare et non spécifique, pouvant être observé dans diverses conditions pathologiques. Certaines formes héréditaires, telles que l’acanthocytose neuroacanthocytaire ou la maladie de McLeod, sont encore plus rares, avec une prévalence estimée à moins de 1 cas sur 1 million.

Physiopathologie

Les acanthocytes se forment à la suite de perturbations dans la composition lipidique ou protéique de la membrane des globules rouges. Ces perturbations peuvent être dues à :

  1. Anomalies lipidiques : déséquilibre entre le cholestérol et les phospholipides membranaires, altérant la fluidité et la stabilité de la membrane.
  2. Défauts protéiques : mutations génétiques affectant les protéines structurelles de la membrane ou du cytosquelette des érythrocytes.

Les acanthocytes sont souvent rigides, ce qui les rend plus susceptibles d’être détruits dans la circulation, entraînant une anémie hémolytique dans certains cas.

Causes et classifications

L’acanthocytose peut être classée en fonction de ses causes sous-jacentes, qui incluent des affections héréditaires et acquises.

Formes héréditaires
  1. Syndrome de neuroacanthocytose :
    • Groupe de troubles neurodégénératifs associés à des acanthocytes.
    • Comprend des pathologies telles que :
      • Chorée-acanthocytose : une maladie autosomique récessive causée par des mutations dans le gène VPS13A, caractérisée par des mouvements involontaires, des troubles psychiatriques et des myopathies.
      • Syndrome de McLeod : lié au chromosome X, causé par une mutation dans le gène XK, associant acanthocytose, hémolyse légère et anomalies neuromusculaires.
    • Symptômes neurologiques : chorée, dystonie, troubles psychiatriques, convulsions et dégénérescence musculaire.
  2. Abêtalipoprotéinémie (ou maladie de Bassen-Kornzweig) :
    • Maladie autosomique récessive due à des mutations dans le gène MTTP, entraînant un déficit en lipoprotéines riches en triglycérides.
    • Symptômes : malabsorption, neuropathie, rétinite pigmentaire et présence d’acanthocytes.
  3. Hypobêtalipoprotéinémie :
    • Trouble autosomique dominant ou récessif causé par des mutations dans le gène APOB.
    • Similaire à l’abêtalipoprotéinémie, mais généralement moins sévère.
Formes acquises
  1. Maladies du foie : la cirrhose et la cholestase sont associées à une altération du métabolisme lipidique, contribuant à la formation d’acanthocytes.
  2. Malnutrition sévère : notamment chez les patients atteints d’anorexie mentale ou de malabsorption.
  3. Syndromes paranéoplasiques : liés à certains cancers, en particulier ceux affectant le système réticuloendothélial.
  4. Autres : insuffisance rénale terminale, alcoolisme chronique, hypothyroïdie.

Diagnostic

Le diagnostic de l’acanthocytose repose sur plusieurs étapes :

  1. Frottis sanguin : mise en évidence des acanthocytes, caractérisés par des projections irrégulières sur leur membrane.
  2. Bilans biologiques : évaluation des lipides sanguins, des fonctions hépatiques, et des marqueurs d’hémolyse.
  3. Analyse génétique : pour les formes héréditaires, permettant d’identifier les mutations spécifiques.
  4. Imagerie et examens neurologiques : pour évaluer les complications associées, notamment dans les syndromes neuroacanthocytaires.

Prise en charge

La prise en charge dépend de la cause sous-jacente :

  1. Traitement des troubles métaboliques : par exemple, dans l’abêtalipoprotéinémie, une supplémentation en vitamines liposolubles (A, D, E, K) et une diète riche en triglycérides à chaîne moyenne.
  2. Gestion des symptômes neurologiques : utilisation de traitements symptomatiques, tels que des anticonvulsivants, des agents antidystoniques ou des antipsychotiques.
  3. Transfusions sanguines : en cas d’anémie sévère.
  4. Prise en charge multidisciplinaire : impliquant des neurologues, des généticiens, des hématologues et des diététiciens.

Pronostic

Le pronostic dépend de la maladie sous-jacente. Les formes neuroacanthocytaires ont souvent une évolution progressive et invalidante, tandis que les formes métaboliques peuvent être mieux contrôlées avec une prise en charge adaptée.

Recherche actuelle

Les avancées en génétique et en biologie cellulaire offrent de nouvelles perspectives pour comprendre les mécanismes pathologiques de l’acanthocytose. Des essais cliniques explorant des traitements géniques ou des thérapies ciblées sont en cours, notamment pour les syndromes neuroacanthocytaires.

Références

  1. Storch A, Schneider SA, Klingelhoefer L, et al. Neuroacanthocytosis: New developments in a neglected group of disorders. Current Neurology and Neuroscience Reports. 2017;17(5):37.
  2. Rampoldi L, Dobson-Stone C, Rubio JP, et al. A conserved sorting-associated protein is mutant in chorea-acanthocytosis. Nature Genetics. 2001;28(2):119-120.
  3. Zieve GW, Solomon M. The membrane abnormalities in abetalipoproteinemia and related disorders. Journal of Lipid Research. 1987;28(4):449-468.
  4. Jung HH, Danek A, Walker RH. Neuroacanthocytosis syndromes. Orphanet Journal of Rare Diseases. 2011;6:68.

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