La dermatite atopique
La dermatite atopique (DA), souvent appelée eczéma atopique, est une maladie inflammatoire chronique de la peau, caractérisée par une sécheresse cutanée intense, des démangeaisons sévères et des lésions cutanées récurrentes. Elle touche des millions de personnes à travers le monde, affectant majoritairement les enfants, mais aussi les adultes. C’est une affection multifactorielle, influencée par des facteurs génétiques, immunologiques et environnementaux.
Physiopathologie de la dermatite atopique
La dermatite atopique est classée comme une maladie atopique, c’est-à-dire qu'elle est souvent associée à d'autres conditions comme l'asthme, la rhinite allergique et les allergies alimentaires. La pathophysiologie de la DA repose sur une combinaison complexe de dysfonctionnement de la barrière cutanée, d’anomalies immunitaires, de facteurs environnementaux et de susceptibilité génétique.
Dysfonctionnement de la barrière cutanée
La barrière cutanée joue un rôle crucial dans la protection contre les agents pathogènes, les irritants et les allergènes. Chez les patients atteints de dermatite atopique, cette barrière est souvent compromise, principalement en raison de mutations dans le gène FLG, qui code pour la filaggrine, une protéine essentielle dans la structure de l’épiderme. Une barrière cutanée altérée permet la pénétration accrue d’allergènes et d’agents irritants, ce qui entraîne une inflammation chronique de la peau.
Réponse immunitaire anormale
La réponse immunitaire dans la dermatite atopique est dominée par une activation exagérée des cellules T auxiliaires de type 2 (Th2), qui produisent des cytokines pro-inflammatoires comme l’interleukine-4 (IL-4), l’interleukine-13 (IL-13) et l’interleukine-31 (IL-31). Ces molécules sont responsables de l'inflammation, des démangeaisons et des lésions cutanées observées dans la maladie. Par ailleurs, des études récentes ont montré une implication des cellules Th22 et des cellules Th17 dans certaines formes de la maladie, particulièrement chez les adultes.
Facteurs génétiques
Les facteurs génétiques jouent un rôle clé dans la prédisposition à la dermatite atopique. Outre les mutations dans le gène FLG, d'autres polymorphismes génétiques influencent la réponse immunitaire et la perméabilité de la peau. Les antécédents familiaux d’atopie augmentent significativement le risque de développer la maladie.
Facteurs environnementaux
Les facteurs environnementaux sont souvent des déclencheurs ou des aggravants de la dermatite atopique. L'exposition à des allergènes (pollen, acariens, poils d'animaux), des irritants (savons, détergents), la pollution, ainsi que des changements climatiques (température et humidité) peuvent exacerber les symptômes. Les stress psychologiques sont également identifiés comme des facteurs aggravants.
Manifestations cliniques
Les symptômes de la dermatite atopique varient selon l'âge du patient et la gravité de la maladie. Les formes les plus courantes sont :
- Sécheresse cutanée : La peau est souvent sèche, squameuse et rugueuse.
- Démangeaisons intenses : La prurit est un symptôme central et entraîne souvent des lésions de grattage qui aggravent l'état cutané.
- Lésions érythémateuses : Les zones touchées deviennent rouges et enflammées. Elles peuvent évoluer vers des vésicules suintantes ou des croûtes.
- Lichenification : À force de grattage, la peau peut devenir épaissie, présentant un aspect cuirassé.
Les localisations typiques incluent les plis de flexion (coudes, genoux), le visage, et les mains. Chez les nourrissons, le cuir chevelu et les joues sont souvent les premières zones affectées.
Traitement de la dermatite atopique
Le traitement de la dermatite atopique repose sur une approche multi-facettes visant à contrôler les symptômes, améliorer la fonction de la barrière cutanée et minimiser les poussées.
- Hydratation de la peau : L’application régulière d’émollients est cruciale pour restaurer la barrière cutanée. Ces produits aident à retenir l’humidité et à protéger la peau contre les irritants extérieurs.
- Corticostéroïdes topiques : Les corticostéroïdes sont la pierre angulaire du traitement anti-inflammatoire. Ils sont utilisés pour réduire l'inflammation et le prurit lors des poussées.
- Inhibiteurs de la calcineurine : Pour les zones sensibles (visage, paupières), les inhibiteurs de la calcineurine comme le tacrolimus et le pimecrolimus sont une alternative efficace aux stéroïdes topiques.
- Photothérapie : Dans les formes modérées à sévères, la photothérapie UVB peut être utilisée pour calmer l’inflammation cutanée.
- Thérapies systémiques : Dans les cas graves ou réfractaires, des traitements systémiques tels que la ciclosporine, le méthotrexate, ou les nouveaux biothérapies comme le dupilumab (un anticorps monoclonal ciblant l'IL-4 et l'IL-13) peuvent être nécessaires.
Complications
Les patients atteints de dermatite atopique sont susceptibles de développer plusieurs complications :
- Surinfections bactériennes : Les lésions cutanées peuvent être colonisées ou infectées par des bactéries comme Staphylococcus aureus.
- Herpès eczema : Une infection par le virus de l'herpès peut provoquer une éruption sévère appelée eczéma herpétiforme.
- Troubles du sommeil : Le prurit intense peut interférer avec le sommeil, entraînant une fatigue et des troubles de l'humeur.
Pronostic et qualité de vie
La dermatite atopique, bien que souvent perçue comme une maladie de l'enfance, peut persister à l'âge adulte, avec des formes chroniques ou récurrentes. Elle affecte profondément la qualité de vie des patients, en raison des démangeaisons incessantes, des lésions cutanées visibles et du besoin constant de traitements. Les récents progrès dans les traitements, notamment l'introduction des biothérapies, offrent de nouvelles perspectives pour les formes sévères et récalcitrantes.
Référence: https://drive.google.com/file/d/1_2-VHQ5JBC_SjBYZUwQrcxE_Iui2h6_N/view?usp=drive_link