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Neurocysticercose : Pathophysiologie, diagnostic, traitement et perspectives

La neurocysticercose (NCC) est une infection parasitaire du système nerveux central (SNC), causée par la larve de Taenia solium, un ténia trouvé principalement dans les régions où la transmission de cette infection est endémique, telles que certaines parties de l'Asie, de l'Afrique, et de l'Amérique Latine. La neurocysticercose est une des causes majeures de convulsions dans les pays en développement et constitue un problème de santé publique important. Elle résulte de l’ingestion de proglottis de T. solium, qui libère des œufs dans l’intestin, lesquels se transforment en larves (cysticerques) pouvant migrer et s’installer dans divers tissus, y compris le cerveau.

1. Étiologie et cycle de vie de taenia solium

Taenia solium est un ver plat (ténia) qui a un cycle de vie complexe impliquant un hôte définitif (l’homme) et un hôte intermédiaire (le porc). L’hôte définitif ingère la viande de porc contenant des cysticerques, qui se développent en vers adultes dans l’intestin humain. Ces vers adultes produisent des œufs, qui sont excrétés dans les selles. Lorsqu’un hôte intermédiaire (généralement un porc) ingère ces œufs, ceux-ci se transforment en larves (cysticerques) qui migrent vers les muscles et d’autres tissus. L'infection devient neurocysticercose lorsque les œufs ou les larves sont ingérés par l’homme, soit directement par l’intermédiaire de l’eau ou des aliments contaminés, soit indirectement par des pratiques d’hygiène insuffisantes.

Une fois ingérées, les larves pénètrent la paroi intestinale, migrent vers la circulation sanguine, puis se dirigent vers différents tissus corporels, y compris le cerveau. Lorsque les larves s’installent dans le cerveau, elles forment des kystes appelés cysticerques cérébraux.

2. Symptômes cliniques

Les symptômes de la neurocysticercose peuvent varier en fonction du nombre, de la taille et de la localisation des cysticerques dans le cerveau. La neurocysticercose peut être asymptomatique, mais lorsqu'elle se manifeste, elle entraîne souvent des symptômes graves. Parmi les symptômes les plus fréquents, on note :

a. Convulsions

Les convulsions sont le symptôme le plus courant, affectant environ 70 à 90 % des patients atteints de neurocysticercose. Ces crises peuvent être généralisées ou focales et sont souvent liées à l’inflammation des kystes ou à leur rupture.

b. Maux de tête

Les maux de tête persistants sont courants, en particulier lorsqu’il y a une pression intracrânienne élevée en raison de l’inflammation causée par les kystes. Ces maux de tête peuvent être sévères et intermittents.

c. Troubles neurologiques

Selon l’emplacement des cysticerques, les patients peuvent souffrir de déficits neurologiques focalisés, tels que des déficits moteurs, des troubles cognitifs, des troubles de la vision, des déséquilibres ou des paralysies. L’emplacement des kystes dans des régions spécifiques du cerveau (par exemple, les régions motrices ou visuelles) détermine la nature des symptômes neurologiques.

d. Hydrocéphalie

L’hydrocéphalie, qui résulte de l’obstruction des voies de circulation du liquide céphalorachidien par les kystes, peut entraîner des symptômes de pression intracrânienne, comme des nausées, des vomissements et une altération de la conscience.

e. Syndrome confusionnel ou démence

Les infections graves et étendues peuvent provoquer des symptômes cognitifs ou psychiatriques tels qu’une démence, des troubles de l’humeur, ou une confusion.

3. Diagnostic

Le diagnostic de la neurocysticercose repose sur des examens cliniques, des antécédents médicaux et des tests diagnostiques spécifiques. Le diagnostic peut être difficile, car de nombreux symptômes, tels que les convulsions, sont également observés dans d’autres maladies neurologiques. Les outils diagnostiques suivants sont utilisés :

a. Imagerie médicale

Les techniques d’imagerie, telles que la tomodensitométrie (CT) et l'imagerie par résonance magnétique (IRM), jouent un rôle central dans le diagnostic de la neurocysticercose. Les images peuvent révéler la présence de cysticerques cérébraux sous forme de kystes arrondis, souvent accompagnés de signes d’inflammation, de calcifications ou de nécrose dans le cerveau.

Les kystes cérébraux apparaissent typiquement sous forme de zones hypodenses (c'est-à-dire, plus sombres) dans le cerveau sur les scans CT. L’IRM peut être plus sensible pour détecter les lésions et les kystes dans les tissus cérébraux, notamment ceux localisés dans les régions profondes du cerveau.

b. Test sérologique

Les tests sérologiques, tels que la recherche d'anticorps contre Taenia solium, peuvent être utilisés comme outil de soutien pour le diagnostic, mais ces tests ne sont pas toujours fiables, car les résultats peuvent être faussement négatifs ou positifs dans certaines circonstances.

c. Analyse du liquide céphalorachidien

L'analyse du liquide céphalorachidien (LCR) peut également être utilisée pour détecter des signes d’infection et d’inflammation. Les analyses peuvent montrer une pleocytose (augmentation du nombre de cellules blanches) et une augmentation des niveaux de protéines, ce qui indique une inflammation ou une infection du SNC.

4. Traitement

Le traitement de la neurocysticercose implique une approche multidisciplinaire, comprenant des médicaments, une gestion des symptômes et parfois une intervention chirurgicale.

a. Médicaments antiparasitaires

Les médicaments antiparasitaires tels que le praziquantel ou l’albendazole sont utilisés pour tuer les cysticerques. Ces médicaments permettent de réduire la taille des kystes et d'inhiber leur croissance. Cependant, la dégradation des kystes peut provoquer une réponse inflammatoire qui peut aggraver les symptômes neurologiques. Pour cette raison, un traitement anti-inflammatoire, souvent sous forme de corticostéroïdes, est administré pour contrôler l'inflammation et réduire la pression intracrânienne.

b. Anticonvulsivants

Les anticonvulsivants, tels que le phénobarbital, la phénytoïne, ou le valproate, sont utilisés pour gérer les crises. Il est souvent nécessaire de poursuivre le traitement antiépileptique pendant une période prolongée, même après l’élimination des kystes, car les convulsions peuvent persister en raison des lésions cérébrales.

c. Chirurgie

La chirurgie peut être nécessaire dans les cas graves, notamment lorsqu’il y a une obstruction du liquide céphalorachidien, une hydrocéphalie, ou lorsque les kystes provoquent des lésions cérébrales irréversibles. L’intervention chirurgicale permet de retirer certains kystes ou de traiter l’hydrocéphalie.

5. Prognostic et perspectives

Le pronostic de la neurocysticercose dépend de plusieurs facteurs, dont le nombre de kystes, la localisation des lésions et la rapidité du diagnostic et du traitement. Les patients peuvent connaître une récupération complète ou partielle, bien que dans de nombreux cas, des séquelles neurologiques peuvent persister.

Les efforts de prévention passent principalement par l'amélioration des pratiques sanitaires, telles que la consommation de viande de porc bien cuite, l’amélioration des infrastructures d'assainissement et de l’éducation en matière d’hygiène. Les vaccins pour prévenir l'infection par Taenia solium chez les porcs sont également en cours de développement.

Références :

  1. Garcia, H. H., et al. (2003). "Neurocysticercosis: An update." Lancet Infectious Diseases, 3(6), 373-381.
  2. Díaz, M., et al. (2018). "Cysticercosis: A forgotten disease." Journal of Clinical Microbiology, 56(8), e00799-18.
  3. Nash, T. E., et al. (2018). "Neurocysticercosis: A major cause of neurological disease worldwide." The Lancet Neurology, 17(1), 69-79.
  4. Zambrano, P., et al. (2017). "Neurocysticercosis: An update on diagnosis and treatment." Current Neurology and Neuroscience Reports, 17(8), 56.

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