Les antiparasitaires internes
Les parasites internes, ou endoparasites, sont des organismes qui vivent à l’intérieur de leur hôte, souvent au sein du tractus digestif, mais aussi dans les tissus ou organes internes. Ils peuvent affecter les animaux domestiques, d'élevage, ainsi que les êtres humains, causant une variété de maladies parasitaires. Les antiparasitaires internes sont des médicaments conçus pour éliminer ces parasites ou inhiber leur développement. Leur usage est essentiel pour prévenir, traiter et contrôler des infections qui peuvent avoir des conséquences graves sur la santé et la productivité.
Classification des parasites internes
Les parasites internes peuvent être classés en trois grandes catégories : les helminthes (vers), les protozoaires et les ectoparasites internes, tels que les larves d'insectes qui migrent à l'intérieur des tissus. Voici un aperçu des principales classes de parasites internes :
- Helminthes : Cette classe comprend les nématodes (vers ronds), les cestodes (ténias) et les trématodes (douves). Les helminthes affectent souvent le tractus gastro-intestinal, mais certaines espèces peuvent migrer vers d'autres organes.
- Les nématodes incluent des parasites comme les ascaris, les ankylostomes et les oxyures, qui sont fréquents chez les humains et les animaux.
- Les cestodes sont des vers plats segmentés, tels que le ténia (Taenia spp.) et l’échinocoque (Echinococcus spp.), qui peuvent infecter l'intestin ou d'autres organes.
- Les trématodes sont des vers plats non segmentés, comme le schistosome et la douve du foie, qui provoquent des maladies sévères comme la bilharziose et la fasciolose.
- Protozoaires : Ces parasites unicellulaires incluent des espèces comme Giardia, Cryptosporidium, Plasmodium (qui cause le paludisme), et Toxoplasma gondii. Les protozoaires infectent souvent le système digestif, mais certains, comme Plasmodium, affectent le sang et d’autres organes.
- Ectoparasites internes : Bien que souvent classés comme des parasites externes, certaines espèces d'arthropodes (comme les larves de certaines mouches) peuvent pénétrer dans les tissus de l’hôte et y causer des dommages importants.
Mécanismes d'action des antiparasitaires internes
Les antiparasitaires internes fonctionnent de différentes manières pour éradiquer ou inhiber les parasites. Selon leur mode d'action, ils peuvent être classés en plusieurs catégories :
Action sur les vers intestinaux (helminthes)
Les antiparasitaires destinés aux helminthes incluent les anthelminthiques, qui agissent principalement en perturbant le métabolisme énergétique des parasites ou en paralysant leurs muscles, ce qui entraîne leur expulsion par le tractus intestinal.
- Benzimidazoles : Cette classe de médicaments, dont le chef de file est le albendazole, agit en inhibant la polymérisation de la tubuline, une protéine essentielle pour la division cellulaire et l'absorption des nutriments par les helminthes. Ces médicaments sont efficaces contre une large gamme de nématodes et certains cestodes et trématodes.
- Avermectines et milbémycines : Ce groupe de médicaments, comme l’ivermectine et la milbémycine oxime, agit en se liant aux récepteurs du glutamate, spécifiques aux parasites, ce qui provoque une paralysie musculaire et la mort des parasites. Ils sont efficaces contre les nématodes et certains arthropodes parasites.
- Pyrantel : Le pyrantel pamoate est un antiparasitaire qui agit comme un agoniste des récepteurs nicotiniques de l'acétylcholine, provoquant une paralysie spastique des vers, principalement des nématodes, et favorisant leur expulsion par le système digestif.
Action sur les protozoaires
Les médicaments antiparasitaires destinés à combattre les protozoaires agissent souvent en interférant avec le métabolisme des acides nucléiques, inhibant ainsi la réplication cellulaire.
- Métronidazole : Ce médicament est utilisé contre des protozoaires tels que Giardia lamblia, Entamoeba histolytica et Trichomonas vaginalis. Il agit en générant des radicaux libres toxiques pour l'ADN du parasite, entraînant ainsi sa mort.
- Nitazoxanide : Ce médicament est un antiparasitaire à large spectre efficace contre des protozoaires comme Giardia et Cryptosporidium. Il agit en inhibant une enzyme clé, la pyruvate-ferredoxine oxydoréductase, essentielle au métabolisme énergétique des protozoaires.
- Chloroquine et autres antipaludéens : La chloroquine, ainsi que d'autres médicaments antipaludéens comme l’artémisinine, est utilisée pour traiter les infections par Plasmodium spp., les protozoaires responsables du paludisme. Ces médicaments interfèrent avec la détoxification de l'hémoglobine par le parasite, provoquant sa mort.
Principales utilisations des antiparasitaires internes
Les antiparasitaires internes sont utilisés à la fois pour traiter les infections actives et pour prévenir les infestations dans les populations à risque. Voici quelques-unes des principales indications de ces médicaments :
Traitement des infections parasitaires chez l'homme
Chez l’homme, les parasites intestinaux tels que les nématodes et les protozoaires sont courants, en particulier dans les zones à faible hygiène. Les antiparasitaires internes sont essentiels pour traiter des infections comme :
- L'ascaridiose : Causée par Ascaris lumbricoides, cette infection est traitée par des médicaments comme le albendazole ou le mébendazole.
- La giardiase : Infection protozoaire provoquant des diarrhées sévères, souvent traitée par le métronidazole ou le nitazoxanide.
- La schistosomiase : Causée par les trématodes du genre Schistosoma, elle est traitée par le praziquantel, qui agit en augmentant la perméabilité des membranes du parasite, entraînant sa paralysie et sa mort.
Traitement des infections parasitaires chez les animaux
Chez les animaux, les antiparasitaires internes sont largement utilisés pour traiter des infections qui peuvent affecter la santé et la productivité. Les ruminants, les chevaux, les chiens et les chats sont souvent traités avec des anthelminthiques comme l’ivermectine ou le fenbendazole pour prévenir les infections par les nématodes et les cestodes.
- Les ruminants : Les parasites gastro-intestinaux, comme Haemonchus contortus et Ostertagia ostertagi, sont des menaces majeures pour le bétail. Les benzimidazoles, ainsi que les lactones macrocycliques (comme l’ivermectine), sont largement utilisés pour leur contrôle.
- Les chevaux : Les chevaux peuvent être affectés par des strongles, des ascarides et des oxyures. Des médicaments comme le pyrantel et l’ivermectine sont utilisés en prophylaxie et en traitement.
- Les chiens et chats : Les antiparasitaires internes comme le pyrantel, le praziquantel et l’ivermectine sont couramment utilisés pour éliminer les vers intestinaux et prévenir des maladies graves comme la dirofilariose.
Problèmes de résistance aux antiparasitaires
L’un des défis majeurs dans l’utilisation des antiparasitaires internes est l’émergence de résistances. Les parasites peuvent développer des mécanismes pour échapper aux effets des médicaments, ce qui réduit l'efficacité des traitements et complique le contrôle des infections.
- Résistance chez les helminthes : La résistance aux benzimidazoles, aux lactones macrocycliques (comme l'ivermectine) et aux autres anthelminthiques est une préoccupation croissante, notamment chez les animaux d’élevage. L’utilisation excessive ou inappropriée des antiparasitaires, comme les traitements à dose sub-optimale ou les traitements fréquents, est souvent à l’origine de cette résistance.
- Résistance chez les protozoaires : Dans le cas du paludisme, la résistance de Plasmodium falciparum à la chloroquine et à d'autres antipaludéens a conduit au développement de nouvelles classes de médicaments, comme les dérivés de l’artémisinine.
Développements futurs et stratégies alternatives
La recherche sur les antiparasitaires internes se concentre sur le développement de nouveaux médicaments et sur l’amélioration des stratégies de gestion des résistances. Parmi les approches prometteuses, on trouve :
- Nouveaux antiparasitaires : Le développement de nouvelles classes d'antiparasitaires, notamment des composés capables d’échapper aux mécanismes de résistance des parasites, est une priorité.
- Vaccination : Des vaccins contre certains parasites, comme Haemonchus contortus chez les moutons, sont en cours de développement et offrent une alternative aux antiparasitaires chimiques.
- Gestion intégrée des parasites : Des stratégies intégrant la rotation des pâturages, la gestion des déjections et l'utilisation raisonnée des antiparasitaires permettent de réduire la pression de sélection pour la résistance.
Conclusion
Les antiparasitaires internes jouent un rôle crucial dans la santé humaine et animale en contrôlant une large gamme de parasites internes. Cependant, l’émergence de résistances met en évidence l’importance d’une utilisation raisonnée de ces médicaments et d’une gestion intégrée des parasites. La recherche de nouvelles solutions thérapeutiques et la mise en œuvre de stratégies alternatives seront essentielles pour maintenir leur efficacité à long terme.
Référence: https://drive.google.com/file/d/1YksL0TTa-0A3lwpjtoWk00owy_lrzSvX/view?usp=drive_link